N'y touchez plus !
Sans souvenance de mon arrivée, quand vie sur terre, me fut donnée,
Sortant d'un maternel enclos, en larve humaine, aux yeux mi-clos.
Petit à petit mon regard s'ouvrit, en grandissant, j'ai mieux compris.
Le don de Dieu, auquel je tiens, ce don de vie, qui m'appartient.
A moi seul, est donc ma vie. Et je la mène, selon l'envie,
D'agir suivant les circonstances, bien ou mal, sans de remontrances.
Passé le cap de la jeunesse, si fertile, de grosses sottises,
Tant d'erreurs qui vous blessent, tant de leçons, rarement apprises.
Inondé de mille reproches, venant surtout, de tous mes proches,
Mais brave enfant, du touche à tout, des compliments, oui malgré tout.
C'est pour ton bien, me disait-on ! D'une grosse voix de baryton,
Quand j'atteins, l'âge adulte, me croyant libre, alors j'exulte.
Fini l'apprentissage. Pour faire de moi, l'enfant sage,
De ma vie, je fais le choix. N'y touchez plus, elle est à moi.
Hélas pourtant, reste une enclave. Celle des lois d'une société.
Dont l'on est, encore esclave, tous étant, bien étiquetés.
A un âge encore moins jeune, les jugements de l'entourage.
J'en digère, ou j'en déjeune, sans arrogance, et sans de rage.
Que je courtise, fume ou boive, qu'importe, ma vie est bien à moi,
Sans pourtant que je détruise, celles que d'autres, eux construisent.
A présent, me voilà vieux, si détaché et si heureux,
Malgré tout, en bonne santé, avec l'esprit en liberté.
Ma vie, est à moi seul, elle se dresse, tel un glaïeul,
Et malgré l'intempérie, restera encore fleurie.
De ma vie, j'ai fait le choix,
N'y touchez plus, elle est à moi !
|