Le grand mur
Une petite vieille dame
En rêverie, se promène
Au rythme de sa canne
Qui, pas à pas la mène
Vers le grand mur de pierres,
Qui contourne le cimetière.
Adossée au grand mur,
Car il n'y a plus de bancs,
Elle écoute un murmure,
Sous ses fins cheveux blancs.
Celui de souvenance,
De sa lointaine enfance,
Celui du vrai parcours
De sa longue vie terrestre,
Qui lui semble bien court
Pour ce qu'il en reste,
Le souvenir d'un baiser
D'un bonheur dans le temps
Celui d'un rêve, d'un rêve brisé
Mais aussi d'un bras, réconfortant.
Tu passeras, dit le murmure,
Par delà le grand mur
Quand sonnera le tocsin
De la vie qui s'envole
Et quand viendra la Toussaint
Ses chrysanthèmes en obole.
Elle mourut, l'année suivante
Dans la paix des âmes croyantes.
C'était à la Toussaint,
Et aussi son destin.
Les défunts dormaient à l'ombre,
Sous les dalles de leurs tombes,
Tapissées des plus belles fleurs
Avec les regrets et les pleurs.
Une rose unique,
Sur celle de la dame,
D'un rouge magnifique
Où voltigeait sa belle âme.
Avec le souvenir d'un baiser
Et celui d'un rêve, d'un rêve brisé.
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