Marie-Dorothée

de Croÿ (Princesse Mimi)

Histoire

Poèmes

Chansons

Livre

Festivals

Studio

le Manoir

Témoignages

Florence

    Florence était une drôle de petite fille. Au pensionnat, elle était toujours punie et souvent injustement. Après un cours sur les missions en Afrique, grondée une fois de plus, elle fixa la religieuse de ses grands yeux bruns, larges ouverts. « Moi petit nègre, moi pas compris », dit-elle. A chaque punition, elle répétait cette phrase en leitmotiv !

Pendant la guerre, au pensionnat de Boulogne-Billancourt, les élèves se promenaient trois par trois, en rang, dans les allées du Bois, le dimanche, surveillées par une religieuse. La classe de Florence comprenait quarante élèves sur lesquelles, elle exerçait une certaine influence. Lorsque Florence leur disait : « 1-2-3, faites ce que je fais », toutes obéissaient. Or, à cette époque d'occupation, des officiers allemands caracolaient à cheval dans le bois et croisaient le pensionnat. A chaque rencontre, Florence disait : « 1-2-3 » en tournant la tête de l'autre côté. Et les quarante filles, faisaient de même, en même temps. La religieuse surveillante tremblait, de peur des représailles, pour cet affront envers les allemands.

De toute la famille, c'était Florence la plus active. Elle cultivait le jardin et s'exerçait pendant des heures au piano. Ayant comme maxime : « Plus tard, c'est maintenant », elle ne perdait pas une minute d'activités créatives ou utiles. Ainsi, malgré son esprit frondeur, elle ne fut pas renvoyée des divers couvents qu'elle fréquenta. Dans l'un d'eux, en Province, elle fut la seule élève à avoir été reçue au bachot.

Elle passa avec succès, son permis de conduire, dès l'âge réglementaire. De payer des études plus poussées à ses enfants lorsqu'on en a huit, devient très onéreux pour les parents, et à cette époque, l'on trouvait que pour des filles, qui éventuellement se marieraient, cela était moins important que pour des garçons. Ainsi, Florence renonça à la philo et autres matières scolaires, pour se perfectionner dans la musique, qu'elle étudiait seule, à la campagne et avec des intermèdes à l'académie de Vienne (Autriche).

En 1955, elle se maria avec le Comte Léopold de Lannoy. Le mariage eut lieu dans l'Eglise du village de Saint-Benin-d'Azy, en même temps que celui de sa sœur Claire. Avant leur mariage, Léopold avait songé à Florence depuis longtemps. Grand amateur de motos puissantes, de randonnées et d'escalades dans les Alpes, il faisait aussi six cents kilomètres à moto (Bruxelles - Nièvre), pour assister à une invitation à dîner, à la campagne à Azy, et pour revoir Florence. Ingénieur de formation, il suivit une carrière de spécialiste des problèmes d'énergie, tant pour les sociétés privées, que pour l'Etat Belge. Florence, la frondeuse, appréciait certaines formes de tradition.
Ainsi, lors de la cérémonie de leur mariage, dans l'Eglise, et quand le curé prononça la formule rituelle :
- « Florence de Croÿ, voulez-vous prendre comme époux... »
Elle leva les yeux vers sa mère. Celle-ci, inclina la tête.
- « Oui ! » répondit alors Florence.

Le jeune ménage s'installa à Bruxelles dans une demeure décorée avec goût. Puis Florence dit un « oui » de fidélité à sa voix artistique, recevant chez elle des peintres et des musiciens, pour des concerts privés. En des occasions impromptues, l'on pouvait rencontrer aussi bien Keith Jarret, la troupe de l'Opéra de Pékin, Manon Williams et ses « Stars of Faith », des artistes latino-américains ou des cinétiques, exposés dans la maison et le jardin, au son d'un orchestre de tangos argentins.

Florence fut entourée de «Léopold» : son frère Léopold habitant aussi Bruxelles, son père Léopold (filleul du Prince de Salm), son mari Léopold (filleul du Roi Léopold III de Belgique). Elle n'eut pas de petit Léopold, mais quatre filles charmantes, qui grandirent en beauté et qui firent de brillantes études.

Note nécrologique :
Née le 14 decembre 1927 à Saint-Benin d'Azy - 58270
Décédée le 14 mai 2012 à Bruxelles (Belgique) à l'âge de 84 ans.